Aperçu de la situation
Description de la situation
Le 17 février 2022, l’OMS a reçu des informations concernant la détection du poliovirus sauvage de type 1 (PVS1) au Malawi. Le cas avait été précédemment notifié le 31 janvier 2022 dans le cadre du RSI, en tant que cas de poliovirus de type 2 (PV2). Le cas, un enfant de moins de 5 ans, de la circonscription centrale du district de Lilongwe dans la Région centrale, a développé une paralysie flasque aiguë (PFA) le 19 novembre 2021. Deux échantillons de selles ont été prélevés pour analyse les 26 et 27 novembre ; le laboratoire régional de référence, le National Institute of Communicable Disease (NICD) (Afrique du Sud), les a reçus le 14 janvier 2022, puis les a transmis aux Centers for Disease Control and Prevention des États-Unis d’Amérique.
Les séquençages réalisés par le NICD le 2 février et par les CDC des États-Unis le 12 février ont confirmé qu’il s’agissait d’un PVS1. D’après l’analyse, l’isolat actuel de PVS1 au Malawi est génétiquement apparenté à une séquence pakistanaise détectée en 2020 dans la province du Sindh.
Pour mémoire, l’Afrique a été déclarée exempte de poliovirus sauvage autochtone en août 2020, après avoir éliminé de la Région toutes les formes de poliomyélite dues au poliovirus sauvage, et au Malawi, le dernier cas de PVS cliniquement confirmé a été signalé en 1992.Action de santé publique
- Les partenaires de l’Initiative mondiale pour l’éradication de la poliomyélite (IMEP), dont l’OMS, apportent leur appui aux autorités sanitaires du Malawi afin d’évaluer les risques et de riposter à la flambée, y compris par des activités de vaccination supplémentaire. Des mesures de surveillance ont été activées au Malawi et étendues aux pays voisins en vue de détecter les cas potentiels.
- Une équipe d’intervention rapide de l’IMEP a été envoyée au Malawi afin d’apporter un soutien pour la coordination, la surveillance, la gestion de données, la communication et les aspects opérationnels. Les organisations partenaires ont également envoyé des équipes pour soutenir les opérations d’urgence et trouver des solutions innovantes pour la campagne de vaccination.
Évaluation du risque par l’OMS
La poliomyélite est une maladie hautement infectieuse causée par un virus qui envahit le système nerveux. Elle peut provoquer une paralysie permanente (environ 1 infection sur 200) ou le décès (environ 2 à 10 % des cas atteints de paralysie). Ce virus est transmis de personne à personne, principalement par la voie fécale-orale ou, moins fréquemment, par un véhicule commun (par exemple, de l’eau ou des aliments contaminés).
Sur les trois types de poliovirus sauvage existants, deux ont été éradiqués (PVS2 et PVS3) et des efforts sont déployés à l’échelle mondiale éradiquer le PVS1. Actuellement, le poliovirus sauvage est endémique dans deux pays : le Pakistan et l’Afghanistan. Le fait que le PVS1 a été détecté en dehors des deux pays où la maladie est endémique démontre qu’un risque continu de propagation internationale subsistera tant que le monde entier ne sera pas exempt de PVS1.
Au Malawi, le risque au niveau national est jugé élevé compte tenu de la forte densité de population, de la faible couverture vaccinale (<80 %) observée dans de nombreux districts, de l’absence de toute campagne de rattrapage depuis plus de six ans, de l’accroissement des populations sensibles, de l’insuffisance de la surveillance de la PFA et du manque de surveillance environnementale. Tous ces facteurs pourraient affecter la capacité à évaluer les cas. En outre, le remplacement du vaccin antipoliomyélitique oral trivalent (VPOt) par le VPO bivalent (VPOb) a été achevé dans ce pays le 25 avril 2016 et le vaccin antipoliomyélitique inactivé (VPI) y a été introduit le 14 décembre 2018. C’est à 2013 que remontent les dernières activités de vaccination supplémentaire (AVS) menées avec un vaccin contenant un poliovirus de type 2.
En outre, le pays est actuellement touché par la tempête tropicale Ana, ce qui risque de diminuer les capacités de riposte du pays en entravant les AVS contre cette maladie et les activités de surveillance de la poliomyélite. D’après le point de situation des Nations Unies sur la tempête tropicale Ana au Malawi, on dénombrait, au 11 février, 995 072 personnes touchées dans 19 districts, 206 personnes blessées, 46 personnes tuées et 18 personnes toujours portées disparues. Les Nations Unies et leurs partenaires apportent leur soutien à l’action engagée face aux inondations, une intervention qui sauve des vies.
Le risque au niveau régional est jugé modéré compte tenu des mouvements de population importants entre le Mozambique et le Malawi, de la couverture insuffisante de la vaccination dans les pays voisins et de l’insuffisance des activités de surveillance de la PFA.
Le risque au niveau mondial est jugé faible sachant les capacités de riposte existantes et au vu des estimations faisant état d’une couverture assez élevée de la vaccination antipoliomyélitique au niveau mondial.Conseils de l’OMS
Tous les pays, en particulier ceux ayant des voyages et des contacts fréquents avec les pays et les zones touchés par la poliomyélite, doivent absolument renforcer la surveillance des cas de PFA afin de détecter rapidement toute nouvelle importation de poliovirus et de faciliter une intervention rapide.
En vertu du Règlement sanitaire international (2005), les pays doivent enquêter sur tout isolat de poliovirus et le notifier, que celui-ci provienne de cas de PFA, de contacts de cas de PFA ou de la surveillance environnementale. Les autorités sanitaires locales devraient lancer cette enquête dans les 24 heures qui suivent la notification de l’isolat en question.
L’isolement d’un poliovirus dans une zone précédemment non infectée constitue un événement ou une flambée qui nécessite une évaluation immédiate des risques par les autorités nationales de sorte à déterminer le type d’intervention requise et son ampleur. À la suite de l’enquête et de l’évaluation des risques initiales, les autorités nationales doivent continuer à recueillir des informations détaillées pour mettre à jour l’analyse de la situation et l’évaluation des risques (c’est-à-dire les résultats des enquêtes de laboratoire ou des informations détaillées sur les communautés touchées, etc.). Les pays/régions voisins doivent également continuer à mettre à jour leur évaluation des risques avec l’appui des bureaux régionaux de l’OMS.
Les pays, territoires et zones doivent également maintenir une couverture systématiquement élevée de la vaccination de routine (>90 %) au niveau des districts pour limiter le plus possible les conséquences d’une nouvelle introduction de poliovirus. L’OMS recommande que deux vastes campagnes de vaccination de grande qualité (>90 % des enfants vaccinés) soient menées dans les huit semaines suivant les résultats du séquençage en laboratoire. À chaque fois que le suivi tend à indiquer que des enfants ont été omis dans certains districts ou dans certaines zones, une tournée de ratissage pourrait également s’avérer nécessaire, de façon à interrompre la transmission (même si aucun nouveau poliovirus n’a été détecté). Les activités de communication et de mobilisation sociale devraient faire partie intégrante des campagnes de vaccination antipoliomyélitique de riposte.
Sur la base des informations disponibles concernant cet événement, l’OMS ne recommande aucune restriction aux voyages ni aux échanges commerciaux avec le Malawi. Dans sa publication Voyages internationaux et santé (page en anglais), l’OMS recommande à tous les voyageurs se rendant dans des régions où sévit la poliomyélite d’être à jour pour la vaccination antipoliomyélitique. Les résidents des zones infectées (et les visiteurs qui y séjournent plus de 4 semaines) doivent recevoir une dose supplémentaire de VPO ou de VPI dans un délai allant de 4 semaines à 12 mois après avoir effectué un voyage.
De l’avis du Comité d’urgence convoqué au titre du Règlement sanitaire international (2005) (page en anglais), les efforts destinés à limiter la propagation internationale du poliovirus relèvent toujours aujourd’hui d’une urgence de santé publique de portée internationale. Les pays touchés par une transmission de poliovirus font l’objet de recommandations temporaires. Pour se conformer à ces recommandations, émises dans le cadre de l’USPPI, tout pays infecté par un poliovirus doit déclarer l’épidémie comme une urgence de santé publique nationale, envisager la vaccination de tous les voyageurs internationaux, veiller à ce que ces voyageurs disposent d’un certificat international de vaccination, restreindre au point de départ le voyage international de tout résident dont la vaccination appropriée contre la poliomyélite ne soit pas attestée, intensifier les efforts transfrontaliers visant à accroître fortement la couverture vaccinale des voyageurs et à intensifier les efforts visant à renforcer la couverture de la vaccination systématique.*Plus d'informations
- GPEI Statement on WPV1 in Malawi
- Poliomyélite (Principaux repères)
- Le Malawi déclare une flambée de polio (Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique)
- Malawi: WHO and UNICEF estimates of immunization coverage: 2019 revision
- Standard operating procedures: responding to a poliovirus event or outbreak, version 3.1. Geneva: World Health Organization; 2020. Licence: CC BY-NC-SA 3.0 IGO.
- WHO: International travel and health
- United Nations. Malawi: Tropical Storm Ana Response Flash Update No. 2 | 11th February 2022