Les résultats préliminaires d’une étude sur la persistance du virus Ebola dans les liquides biologiques montrent que certains hommes produisent encore des échantillons de sperme donnant un test positif à la recherche du virus Ebola 9 mois après l’apparition des symptômes.
Le rapport, publié aujourd’hui dans le New England Journal of Medicine, donne les premiers résultats d’une étude de longue durée menée conjointement par le Ministère de la santé et de l’Assainissement de la Sierra Leone, le Ministère de la Défense de la Sierra Leone, l’Organisation mondiale de la Santé et les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des États-Unis d’Amérique.
Mieux comprendre la persistence du virus Ebola
«La Sierra Leone s’est engagée à ramener le nombre des cas à zéro et à prendre soin de ceux qui ont survécu et, dans le cadre de cet effort, il nous faut comprendre comment les survivants peuvent être affectés après leur guérison initiale», explique le Dr Amara Jambai, médecin-chef adjoint au Ministère de la santé et de l’Assainissement de la Sierra Leone. «Nous devons saluer les survivants pour leur contribution aux études qui nous aident à savoir combien de temps le virus peut persister dans le sperme.»
La première phase de l’étude s’est intéressée à la recherche du virus Ebola dans le sperme en raison de travaux antérieurs ayant montré sa persistance dans ce liquide biologique. Il est important de mieux comprendre la persistance virale dans le sperme pour aider les survivants à guérir et à reprendre leur vie.
«Ces résultats arrivent à un moment essentiel, en nous rappelant que, si le nombre des cas continue de baisser fortement, les survivants et leurs familles luttent toujours contre les effets de la maladie. Cette étude apporte de nouvelles données indiquant que les survivants ont besoin d’un appui continuel et substantiel pendant 6 à 12 mois pour faire face à leurs difficultés et pour s’assurer que leurs partenaires ne soient pas potentiellement exposés au virus», indique Bruce Aylward, Représentant spécial du Directeur général de l’OMS chargé de la riposte à Ebola.
Un quart des hommes testés positifs à Ebola 9 mois après la maladie
À Freetown (Sierra Leone), 93 hommes de plus de 18 ans ont donné un échantillon de sperme qui a été analysé pour rechercher la présence de matériel génétique du virus Ebola. Les hommes ont été recrutés pour l’étude entre 2 et 10 mois après le début de leur maladie.
Lorsque les tests ont été faits dans les 3 premiers mois après le début de la maladie, tous ont été positifs (9/9, soit 100%). Lorsqu’ils ont été faits entre 4 et 6 mois après le début de la maladie, plus d’un homme sur deux (26/40, soit 65%) a donné un résultat positif; entre 7 et 9 mois, les tests ont été positifs pour un quart des hommes (11/43, soit 26%). Les hommes ont été informés des résultats des tests, ont eu des conseils et des préservatifs leur ont été remis.
«Les survivants à la maladie à virus Ebola qui se sont portés volontaires pour cette étude font quelque chose de bien pour eux mêmes et pour leur famille, et continuent à contribuer à la lutte contre le virus et à étendre nos connaissances sur cette maladie», a déclaré Yusuf Kabba, Président national de la l’Association des survivants à Ebola en Sierra Leone.
Un nombre croissant de complications pour les survivants à Ebola
On ignore encore pourquoi les fragments du virus Ebola ont disparu plus tôt du sperme de certains participants par rapport à d’autres. Les Centers for Disease Control and Prevention à Atlanta font de nouveaux tests sur les échantillons pour déterminer si le virus est vivant et potentiellement contagieux.
«Les survivants à la maladie sont confrontés à un nombre croissant de complications reconnues», a indiqué le Directeur des CDC, le Dr Tom Frieden. «Cette étude nous apporte de nouvelles informations importantes sur la persistance du virus Ebola dans le sperme et nous aide à faire des recommandations aux survivants et à leurs proches pour les aider à rester en bonne santé.»
Plus de 8000 hommes sous surveillance
Jusqu’à ce qu’on en sache plus, les hommes qui ont survécu au virus Ebola dans les trois pays, plus de 8000 en tout, ont besoin d’une éducation, de conseils adaptés et de tests réguliers pour savoir si le virus persiste dans leur sperme; on doit également leur indiquer les mesures qu’ils doivent prendre pour éviter toute exposition potentielle de leurs partenaires au virus.
Tant qu’un homme ayant survécu à la maladie n’a pas donné deux tests négatifs à la recherche du virus Ebola dans le sperme, il doit s’abstenir de toute relation sexuelle ou utiliser des préservatifs. Il faut aussi se laver les mains après tout contact avec le sperme.
Au cours de l’épidémie actuelle en Afrique de l’Ouest, la vigilance continuelle pour identifier, soigner, confiner les cas et empêcher la survenue de nouveaux cas est une stratégie essentielle pour atteindre l’objectif de zéro cas.