La guerre en Ukraine, qui a engendré des millions de réfugiés, a placé les pays voisins devant des défis sans précédent. Depuis février 2022, plus d’un demi-million de réfugiés
ukrainiens ont franchi la frontière de la seule Bulgarie, certains pour y rester et d’autres pour traverser le pays. Afin de répondre à leurs divers besoins et de leur apporter un soutien coordonné, le bureau de pays
de l’OMS en Bulgarie a uni ses forces à celles de la société civile et du gouvernement bulgares, du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés
(HCR), de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), de la Croix-Rouge bulgare et d’autres organisations non gouvernementales (ONG) internationales.
Le docteur Skender Syla, représentant de l’OMS en Bulgarie, comprend mieux que quiconque ce que vivent les réfugiés ukrainiens. Il y a 23 ans, il est arrivé en Macédoine du Nord en provenance du Kosovo (conformément
à la résolution 1244 (1999) du Conseil de sécurité des Nations Unies) en tant que réfugié, avec ses parents, son épouse et ses 2 jeunes enfants.
« Je sais ce que l’on ressent lorsqu’on laisse derrière soi tout ce que l’on a construit au cours de sa vie, lorsqu’on quitte sa famille, ses proches », explique-t-il. « Mais je me souviens très
bien de ce que signifie recevoir une aide au moment le plus difficile de son existence, dans une période d’extrême incertitude. »
En sa qualité de représentant de l’OMS, il veille à établir un langage et un dialogue communs entre les institutions publiques bulgares et les ONG afin de trouver des solutions aux problèmes de santé auxquels
doivent faire face les réfugiés ukrainiens dans le pays.
« Les problèmes de santé auxquels nous sommes confrontés sont nombreux et variés. Ils vont des enfants nécessitant l’administration de vaccins systématiques et des services de soins, aux femmes enceintes
qui ont besoin de soins médicaux et de soutien pendant la grossesse, l’accouchement et après la naissance, en passant par les personnes âgées qui peuvent souffrir d’hypertension, de diabète ou d’autres
maladies chroniques », ajoute-t-il. « Nous devons également faire face à diverses maladies transmissibles, notamment le VIH/sida, la tuberculose et l’hépatite. »
Trouver des synergies
Lorsque les réfugiés sont arrivés dans le pays, la Croix-Rouge bulgare s’est empressée d’agir, mobilisant du personnel rémunéré et des bénévoles pour apporter une aide pratique
aux personnes cherchant un refuge, de la nourriture, des produits médicaux et d’hygiène, et de quoi s’habiller.
« Nous avons tous fourni environ 34 000 heures de travail bénévole », explique le docteur Nadejhda Todorovska, vice-directrice générale de la Croix-Rouge bulgare. « Nous avons mobilisé 5 000 bénévoles,
pas seulement dans la capitale Sofia, mais dans tous les points d’accès aux réfugiés de notre pays. »
Le gouvernement a rapidement mis en place un organe de coordination chargé de traiter des questions allant des soins de santé à l’éducation, en passant par le soutien psychosocial, le logement et la nourriture. Le docteur
Dancho Penchev, spécialiste de la santé publique auprès du ministère bulgare de la Santé, est fier de la façon dont les institutions ont pu relever le défi.
« Ce que nous avons montré, c’est notre capacité d’adaptation », déclare le docteur Penchev. « Notre système a réagi aux défis, et il y a eu une grande coopération entre les
institutions, ce qui était d’une importance vitale étant donné les problèmes auxquels nous étions confrontés. »
Le docteur Angel Kunchev, inspecteur général de la santé nationale auprès du ministère bulgare de la Santé, a contribué à l’organisation de la réponse à la crise des réfugiés.
« Ma plus grande tâche a été de coordonner tous les acteurs. Beaucoup d’agences et de ministères participent aux efforts. Si une agence pour les réfugiés est impliquée, c’est formidable,
mais il y a tellement de ministères : les affaires intérieures, l’éducation, la santé, sans parler de la police des frontières qui est notre premier point de contact avec les réfugiés eux-mêmes.
»
La collaboration avec les organisations de la société civile a été fondamentale pour aider à diffuser les informations aux réfugiés.
« Il y a eu un moment clé où nous avons réalisé que les acteurs non gouvernementaux étaient les mieux placés pour fournir des informations directement aux réfugiés ukrainiens, car ils sont
en contact avec eux tous les jours », raconte le docteur Kunchev. Ce dernier fait remarquer que, malgré l’expérience de la Bulgarie dans la gestion des précédentes vagues de réfugiés, principalement
en provenance du Moyen-Orient, beaucoup plus de personnes âgées, de femmes et de jeunes enfants figurent parmi les réfugiés en provenance d’Ukraine.
« Les gens arrivent dans un très mauvais état », ajoute le docteur Kunchev. « Les mères arrivent avec leurs propres enfants, mais aussi souvent avec les enfants de leur famille et de leurs amis, parfois 5 à
10 d’entre eux. Ils ont besoin d’une assistance quotidienne : des écoles pour les enfants, des emplois pour les adultes. »
Pour sa part, le bureau de pays de l’OMS en Bulgarie aide la Croix-Rouge à offrir aux réfugiés un meilleur accès aux soins de santé et aux médicaments, quand et où ils en ont besoin. Après
avoir mis en œuvre avec succès un projet dans la capitale Sofia, il est prévu d’étendre cette action aux villes de Varna et de Burgas, là où se trouvent la plupart des réfugiés ukrainiens.
Parer à toutes les éventualités
Bien que le nombre de réfugiés ait presque diminué de moitié depuis le pic d’arrivées, le docteur Skender sait que le chemin est encore long. « Nous devons espérer le meilleur mais nous préparer
au pire. La situation est très incertaine, imprévisible. L’hiver approche, ce qui signifie que nous pourrions également observer une augmentation du nombre de cas de COVID-19 et de grippe. C’est pourquoi nous travaillons
avec les agences gouvernementales bulgares et les ONG sur un plan d’urgence pour la période à venir, afin d’anticiper différents scénarios basés sur le nombre de personnes qui pourraient arriver dans
le pays. »
« Nous organisons une formation en santé mentale pour tous les professionnels s’occupant de réfugiés en provenance d’Ukraine dans les 4 villes où se concentrent les principaux services aux migrants, à
savoir Varna, Burgas, Plovdiv et Sofia », ajoute le docteur Michail Okoliyski, un administrateur du bureau de pays de l’OMS en Bulgarie. « Nous allons également aider le service d’assistance téléphonique
de la Croix-Rouge dans le soutien psychosocial qu’il apporte aux Ukrainiens vulnérables en recrutant des psychologues parlant ukrainien. Il peut en effet aider les réfugiés affectés par les événements
traumatiques qui les ont forcés à fuir. Nous étendons également la ligne d’assistance téléphonique à 5 autres régions. »
L’OMS/Europe apporte son soutien à toutes ces activités par l’intermédiaire de son centre d’urgence pour la réponse à la crise ukrainienne situé à Cracovie (Pologne).